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 Nouvelle : Pomelo

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dragondegivre
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MessageSujet: Nouvelle : Pomelo   Nouvelle : Pomelo Icon_minitime29/3/2009, 12:06

Voici une nouvelle que j'ai écrite en janvier 2009, à la base pour un concours. Mais l'histoire en mousse m'a fait ne pas l'envoyer. Cette nouvelle était aussi pour tester un nouveau style, plus sombre et sarcastique que mes nouvelles habituelles. Bonne lecture (si vous en avez le courage) ! Je le mets en plusieurs parties, c'est trop long pour môssieur forum.

"Minuit. « L’heure du crime. » pensa-t-il avec une pointe d’humour noir. Un dernier regard en direction de la chambre, où sa femme dormait à poings fermés, avant d’enfiler ses chaussures et son pardessus. Il baissa consciencieusement le volume de la télévision puis, la laissant allumée, ouvrit la porte d’entrée. Devisant d’un œil acerbe le paillasson scandant un « WELCOME » hypocrite, il soupira tandis que l’image des bourrelets de son épouse lui parvenait à l’esprit. Amer, il exalta tout bas :
« Welcome dans une vie banale, avec une femme banale – et moche ! –, et un boulot de merde. Welcome, ouais… »
Puis il referma doucement la porte derrière lui, et sur sa vie de trentenaire poussif, comptable de son état. Un réflexe stupide mais humain lui fit tourner la tête à droite et à gauche, mais seuls les nains de jardin des voisins semblaient témoins de la scène. Se maudissant légèrement, il sortit de son minuscule carré de pelouse avant de s’engager à pas feutrés dans la rue. Il se mit alors à marcher, la tête rentrée entre les épaules comme une tortue, sur un trottoir où seules quelques crottes de chien lui barraient fortuitement la route.
Les réverbères qui s’alignaient comme à l’infini éclairaient sporadiquement son visage inquiet, la lumière blafarde accrochant à chaque fois un éclat à ses lunettes. Le chemin n’était guère long jusqu’au square le plus proche, mais il paraissait si laborieux… Chacun de ses pas se soldait par un juron intérieur, comme s’il se sermonnait pour l’acte qu’il allait commettre. Et pourtant, il continuait toujours d’avancer, poussé par l’envie de changement, ignorant les voix de la conscience lui hurlant de faire demi-tour. Après quelques minutes dans la grisaille de la rue, il aperçut enfin le vert sombre des arbres encadrant le portique du parc. Jetant encore un œil à droite et à gauche, il y pénétra avec appréhension.
Le parc. Un endroit où, le jour, pullulent enfants insouciants et mères attendries, et où, la nuit, rôdent enfants de la drogue et mères du plaisir. Planté sur le seuil, le comptable scrutait les alentours avec anxiété, les oreilles cherchant le moindre son alarmant. Mais seul le bruissement des feuilles lui répondit, aussi se décida-t-il à plonger dans les ténèbres du square. Bien vite sur son chemin se dressèrent silhouettes vacillantes ou chaloupées, selon ce qui les étreignaient en cette nuit sans lune. Il peina à les éviter, mais jamais l’idée de prendre ses jambes à son cou ne lui vint à l’esprit. Enfin, le désintérêt qu’il finit par susciter lui permit d’arriver à proximité de la fontaine éclairée en toute – ou presque – tranquillité. Là, il s’assit de manière lasse sur un banc de pierre et soupira.
« Mais qu’est ce que je suis en train de faire… »
Les remords aidant, et alors qu’il n’avait encore rien commis de répréhensible, le comptable ruminait dans son crâne toutes les idées subversives qu’il avait pu avoir. Ce fut un bruissement de feuilles puis des talons claquant sur les pavés qui lui firent réaliser qu’il était temps de faire machine arrière. Pourtant, la créature qui lui apparut au détour de la fontaine força son corps à s’arrêter en plein mouvement. Debout devant le banc, il ne pouvait détourner les yeux des formes voluptueuses qui s’approchaient de lui et, comme une vague efface toute trace sur le sable, ses idées furent balayées, envolées, supprimées.
Blonde, cheveux lâchés au vent, la jeune femme postée devant ses yeux était grande, fine, élancée, une vraie personnification de la beauté. Et le peu de vêtements qu’elle portait – une mini-jupe plissée rouge et un microscopique top noir – acheva de faire basculer le comptable dans une autre dimension. Le parc et ses sordides âmes errantes n’existaient plus, sa femme et sa proéminente masse adipeuse avaient disparu, sa vie de lèche-bottes avait sombré dans l’oubli. Seuls restaient présents le roucoulement de l’eau de la fontaine, cette sublime créature sortie d’un film de charme, et lui-même. Un flot de désir gonfla son cœur et l’entre-jambe de son pantalon propret. Ne pensant plus qu’à une chose, il se surprit à croasser :
« Bonsoir, c’est combien ? »
La jeune femme haussa un sourcil puis un sourire à demi-dégouté à demi-amusé, naquit sur son visage de madone.
« Bonsoir, répondit-elle sans entrain, c’est très cher. »
Immédiatement, ses paroles déclenchèrent une recherche frénétique de son portefeuille chez le comptable. Adepte des chiffres malgré lui, il ignorait combien faisait « très cher » mais cela lui importait peu : il lui fallait ce corps si parfait se tenant lascivement devant lui. Il finit par sortir triomphalement une belle paire de billets colorés, qu’il tendit à la jeune femme. Celle-ci jeta un œil critique dessus puis s’exclama machinalement :
« C’est pas assez.
- Mais, y’a deux-cents euros… pleura presque le comptable.
- C’est pas assez. »
La réponse sans appel de la demoiselle arracha un soupir déçu à l’homme. Il rangea son argent dans la poche intérieure de son pardessus puis, avec un regard de chien battu, dit :
« Tant pis alors. Au revoir. »
Il se détourna d’elle en soupirant de nouveau tandis que l’image de sa femme lui revenait en tête. « Elle au moins, elle fait pas payer si cher. » pensa-t-il stupidement. Sans réelle conviction, il commença à reprendre le chemin de la maison – et surtout du lit conjugal – quand la voix de la créature émergea dans son dos : « Attends ! ». Il se retourna immédiatement, la joie au cœur et le feu au slip. Ce fut là sa dernière erreur."
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MessageSujet: Re: Nouvelle : Pomelo   Nouvelle : Pomelo Icon_minitime29/3/2009, 12:07

"D’un geste machinal, Pomelo alluma la cigarette qu’elle venait de coincer entre ses lèvres. Du même automatisme, elle rangea son petit pistolet, semblable aux jouets en plastique des gamins, dans son sac à main rouge. Posant un œil indifférent sur l’homme qu’elle venait d’abattre, elle s’assit sur le banc de pierre à proximité et soupira.
« Alors, vieux, on trompe sa femme ? »
Le cadavre, dans une position ridicule – à demi pivoté sur lui-même, les bras retournés – ne lui répondant évidemment pas, la jeune femme continua :
« Tu sais, c’est mal, ce que tu fais. »
Elle souffla un cône de fumée qui s’éleva dans le silence de la nuit. Puis, arrivant déjà au filtre, elle l’écrasa machinalement sur le banc avant de s’approcher de l’homme mort. Se gantant de vinyle, elle s’accroupit à proximité de sa tête puis, suivant la direction des yeux sans vie, siffla :
« Pervers jusqu’au bout, hein ? »
D’une main, elle tourna le visage pâlissant du mort de l’autre côté, loin de la vue de sa culotte blanche. Enfin, Pomelo daigna s’attaquer à ce qu’elle adorait le plus faire : vider les poches de ses victimes. Très vite, ses doigts agiles trouvèrent le chemin tout tracé des billets montrés quelques minutes plus tôt, qu’elle enfonça dans son sac. L’alliance en or – il n’a même pas songé à l’enlever, ce crétin ! – et le portable allèrent rapidement rejoindre l’argent. Rien d’autre ne fut subtilisé au cadavre.
Pomelo se redressa lentement, toujours plus indifférente au sordide spectacle qui s’offrait à ses yeux verts, avant de réaliser qu’elle avait omis un détail. Se penchant en avant, elle empoigna le stylobille qui saillait du front du mort et tira en arrière pour l’arracher. Elle peina quelques secondes avant que le crayon, devenu le temps d’un tir un projectile mortel, ne soit extirpé d’un coup, envoyant le corps de la jeune femme en arrière. Elle regarda son stylo couvert de sang puis, sourire en coin, s’exclama doucement :
« C’est quand même vachement efficace… »
Sortant un mouchoir en papier d’une pochette de son sac à mains, elle essuya consciencieusement le projectile – réutilisable, bien entendu – avant de jeter le carré ensanglanté dans une poubelle toute proche et de ranger le stylo.
L’idée de modifier un jouet-pistolet pour enfants en arme efficace et silencieuse lui était venue un jour où une fléchette ventousée s’était échouée dans son décolleté. Après avoir lourdement corrigé le garnement, Pomelo avait passé plusieurs nuits à trafiquer ressorts et canon en plastique pour donner ça, ce qu’elle appelait affectueusement « son jouet ». Cette arme improvisée avait le mérite de rendre mortel tout ce qui passait à portée de main, si tant est que le projectile était assez fin et long pour. Une période de tests avait rapidement rendu son verdict ; les fourchettes cassent à l’entrée du crâne, les couteaux sont difficiles à ôter, et les stylobilles sont parfaits. Le souvenir de cette période arracha un sourire amusé à Pomelo. Qu’est-ce qu’elle s’était amusée !
Un rire euphorique claqua dans le lointain, extirpant la jeune femme de sa nostalgie. Rapidement, elle sortit une paille large et rigide de son sac puis s’approcha de la tête du cadavre. Elle n’aimait guère faire cela, mais elle n’avait pas le choix. Plongeant sans hésiter le petit tube de plastique dans la plaie béante du cadavre, elle aspira une bonne lampée de matière cérébrale. Elle grimaça légèrement puis replaça la paille souillée dans le fond du sac. Et, sans même un regard pour la scène qu’elle quittait, elle tourna derrière la fontaine et disparut dans la nuit.

« Silence au fond, c’est pas la foire ici ! »
Mais la voix exaspérée ne parvint que par bribes aux oreilles des fauteurs de trouble, si bien que le brouhaha perdura – mais de toute manière, l’injonction l’aurait-elle fait taire ? Après trois cuisants échecs, le professeur abdiqua, attendant maintenant avec impatience la fin de l’heure de cours. Pour le coup, il regretta de s’être engagé dans la voie de l’enseignement. Il aurait dû écouter sa mère tiens…
Pomelo, assise dans la moitié droite de l’amphithéâtre, soupira longuement. Elle ne comprenait pas pourquoi cet homme peinait à se faire respecter ; une bonne paire de gifles, et c’était réglé ! Soulageant son poignet engourdi du poids de sa tête, elle tourna le regard vers l’arrière. Là était assise une bande de cinq jeunes hommes tous plus ou moins stupides qui d’ailleurs cessèrent leurs gloussements pour lui faire signe de la main. Pomelo reprit sa position initiale dans une lenteur exagérée, levant les yeux au ciel en signe de désespoir.
« Quelle bande de cons… » Marmonna-t-elle.
Sa voisine la plus proche, soit quelques sièges diagonalement au dessus, émit un « Tu l’as dit… » compréhensif, mais Pomelo fit mine de ne pas l’entendre. S’étirant allègrement tel un chat, elle tâcha de recentrer son attention sur le cours, chose qu’elle ne pensait à faire qu’une heure sur trois. Enfin, comme la cloche sonnant la fin d’un round de boxe, le professeur lessivé indiqua que c’était l’heure. Et pour une fois, on l’écouta sans peine.
Attendant que le gros du troupeau sorte de la salle en se marchant dessus, Pomelo triturait un stylobille entre ses doigts. Les souvenirs encore frais de sa dernière virée nocturne revinrent dans son esprit, si bien qu’ils lui arrachèrent un imperceptible sourire. Mais sa nostalgie fut interrompue par une voix tonitruante :
« Hey Pamplemousse ! »
Les yeux émeraude de Pomelo virèrent en direction de l’imbécile qui se trouvait drôle en écorchant son prénom.
« C’est Pomelo, tête de gland. » Souffla-t-elle, à la fois amère et calme.
Le jeune homme, celui qui semblait être le chef de cette bande de clowns, eut un sourire victorieux avant de se mettre à ricaner, donnant moult coups de coude dans les côtes d’un de ses acolytes. Ce dernier les encaissait sans broncher, mais un rictus désabusé et douloureux se devinait sur son visage. Comme rien ne lui échappait, Pomelo le souligna, empreinte d’une certaine indifférence :
« Je crois que tu fais mal à ton pote, là. »
Elle leva un doigt vers le pote en question qui, lui, dirigea les yeux vers son chef. Celui-ci arrêta tout mouvement l’espace d’une seconde avant de donner un dernier coup, plus rude que les autres.
« Mais non, il est solide ! »
Il ricana de nouveau tel une hyène tandis que ses chiens de salon le prenaient en écho, le malmené compris. Pomelo ne put empêcher un long soupir désespéré de franchir la barrière de ses lèvres, ce que le chef sembla mal prendre.
« Hey, beugla-t-il, dis le si on te fait chier ! »
Ses traits s’étaient mus dans une colère de môme de cinq ans, ce qui le rendait plus repoussant qu’il ne l’était d’habitude. Pomelo haussa un sourcil avant de faire de même avec ses épaules.
« Vous me faites chier. »
Sa phrase, pourtant prévisible, tomba comme un couperet, arrachant la chique aux molosses devant elle. Ceux-ci, et surtout le chef de meute, clignèrent plusieurs fois des paupières comme si ce bête réflexe allait éclaircir les mots de la jeune femme.
« Quand vous aurez réussi à faire marcher votre cervelle, vous m’appellerez. »
Immédiatement, Pomelo se leva de son siège et entreprit d’enjamber la rangée de table, malgré sa courte jupe. Mais, de nouveau, une voix dans son dos l’interpela :
« Je rêve ou tu nous a insultés, Citron vert ? »
Des ricanements d’enfant suivirent le surnom mais s’arrêtèrent quand le regard de Pomelo fusilla les imbéciles. Gonflant les muscles, le chef éructa, sûr de lui :
« Dis donc, Clémentine, c’est que tu me ferais presque peur avec tes petits yeux de fouine ! »
Il tendit la main vers le visage d’ange de Pomelo mais celle-ci l’attrapa au vol. Sans attendre qu’il ne réalise ce qui se passait, elle lui tordit le poignet de côté et le força à reculer jusqu’au mur le plus proche. Là, et tandis que des cris de truie apeurée résonnaient dans l’amphithéâtre vide, Pomelo plaqua sa seconde main sur le cou du chef. Les acolytes de ce dernier se tenaient à une distance respectable, hésitant entre intervenir et profiter du spectacle. Mais nul doute que la peur qui les avait toujours contraints de vivre dans l’ombre du grand guignol les empêchait de faire quoi que ce soit de légèrement dangereux.
« Alors, de deux choses l’une… » Commença calmement Pomelo.
Le caïd cessa immédiatement de braire malgré la douleur qui l’étreignait. La jeune femme, comme si elle ne déployait aucun effort majeur pour le maintenir en respect, reprit son discours :
« Je commence à en avoir marre de ton comportement de clown. Si t’apprécies de faire le con, va sur le trottoir faire ton numéro, tu gagneras peut-être même de quoi te racheter une gueule. »
Pomelo raffermit la pression sur le cou de l’homme, le visage de celui-ci changeant légèrement de couleur.
« Donc, et j’espère que ton cerveau de mouche imprimera, je ne veux plus te voir dans cette salle à moins que tu t’y tiennes à carreau. Compris ? »
Le chef hocha la tête comme il le put, la main de Pomelo lui bloquant quasi tout mouvement. La jeune femme eut un sourire satisfait.
« Bien. Maintenant, deuxième chose. »
Elle lâcha toute prise sur le chef, posant ses mains sur ses jolies hanches. Le caïd reprit son souffle avec bonheur, frottant son poignet endolori. Il ne bougea cependant pas d’un iota. Pomelo, plus décontractée que jamais, le regarda faire avec amusement avant de reprendre :
« Deuxième chose donc, je m’appelle Pomelo, et pas Clémentine, ou tout autre nom d’agrume que ton cerveau connaît pour une obscure raison. Compris ? »
Cette fois libéré de toute entrave, le boss n’indiqua pas son accord avec les règles imposées par la jeune femme. Se remettant déjà à se pavaner, il défia du regard Pomelo, cependant moins sûr de lui que précédemment. La réponse ne se fit pas attendre : d’un geste vif et imparable, la main de Pomelo alla cueillir les noix du chef qu’elle s’empressa d’enserrer. Le visage du futur castrat reprit une couleur homard bien cuit tandis que la voix de son tortionnaire lui susurrait à l’oreille :
« Je te le répète, tu n’as pas intérêt à m’appeler autrement que Pomelo, sinon je te la joue orange sanguine, et t’auras un sacré pépin. »
Sa pression se fit plus forte, arrachant un cri de souris à sa victime. La jeune femme eut un sourire sadique.
« Et je peux t’assurer que je saurai faire de la marmelade avec tes noyaux d’olive. »
Elle lui sourit aimablement avant de le lâcher puis de regarder toute la bande déguerpir sans demander son reste. Satisfaite, Pomelo haussa les épaules puis entreprit d’attraper son sac à main. Mais un bruit de siège se rabattant lui fit lever les yeux vers les hauteurs de l’amphithéâtre. Là, et se croyant caché, un jeune homme attendait de se faire oublier derrière le dossier de la place devant lui. Pomelo pencha son visage de Vénus de côté, faisant cascader ses cheveux blonds sur son épaule, puis le héla :
« Hey ! Je te paye un café ? »
Un bruit de collision entre un crâne et une table la fit s’esclaffer. Une tête brune – et une main qui la frottait – émergea, et la jeune femme sut que ce charmant jeune homme acceptait son invitation. Elle sortit une cigarette de son sac à main qu’elle alluma, avant de le rejoindre en montant les marches deux à deux.
« T’inquiètes, je te ferai rien ! » Lui sourit-elle.
Et là, sous les néons blafards de l’amphithéâtre, un échange de sourires eut lieu. "
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MessageSujet: Re: Nouvelle : Pomelo   Nouvelle : Pomelo Icon_minitime29/3/2009, 12:07

"Pomelo écoutait, presque absente, la mélopée de sa boîte à musique. Le cygne de cristal qui y tournait inlassablement accrochait parfois un éclat de lumière de la rue. Les volets ne laissant passer que quelques raies de lumière contiguës, l’unique pièce de son appartement était plongée dans une demi-obscurité et on devinait les formes du peu de meubles installés. Pomelo laissa échapper une volute de fumée avant de tirer de nouveau sur sa cigarette. Le bout rougeoyant éclaira l’espace d’un instant ses yeux perdus dans le vide avant de laisser les ténèbres les envelopper à nouveau. La mélodie, triste et lente, égrainait ses notes comme autant de pétales, et la jeune femme, transportée, semblait les cueillir avec délectation. Enfin, quand la boîte à musique se referma sur le cygne transparent, offrant le silence en pâture à la nuit, Pomelo tourna la tête vers son lit, située à droite du bureau où elle était assise. Là, zébré de la lumière des réverbères, reposait le corps endormi de son amant des derniers mois. Le contemplant avec une pointe de délice, elle acheva sa cigarette avant de l’écraser dans un cendrier de terre cuite. La main supportant son menton délicat et le coude posé sur son genou, Pomelo soupira longuement, comme nostalgique.
« Tu sais Samuel, commença-t-elle à voix basse, rompant les chaînes du silence, je dois te raconter un truc. »
La jeune blonde abandonna son menton pour poser ses paumes sur le bureau, croisant les jambes et s’adossant au mur. Elle attrapa son paquet de cancer avec filtre et, tandis qu’elle s’en rallumait une, dit :
« Ça fait combien… cinq mois, qu’on couche ensemble ? »
Elle tira une bouffée en regardant le plafond blanc. Elle ne se souvenait plus vraiment de la durée exacte de leur relation, et cela lui importait peu, au final. Ce n’est pas en comptant les jours que l’on démontre l’amour que l’on porte à l’autre. Pomelo finit par reprendre avec un sourire :
« Eh bien Samuel, je suis enceinte. »
Un rire léger souleva sa poitrine parfaite tandis qu’elle faisait tomber les cendres de sa cigarette.
« Oh, je sais, souligna-t-elle avec entrain, tu dors, je ne sais même pas si tu m’entends ! »
Là, Pomelo pivota ses genoux vers le lit et, un sourire en coin, murmura :
« Je vais en profiter pour te raconter un truc top secret… »
Coquine, elle posa ses pieds nus sur le matelas, dévoilant au passage sa nudité sous cette chemise d’homme. Soufflant un nouveau cône vaporeux, Pomelo reprit :
« Comme tu le sais déjà, c’est la boîte où je bossais avant qui me paye mon logement, ma bouffe, tout ça quoi. »
Sa main clopée tournoya dans les airs quelques secondes au rythme de ses mots.
« En fait, cette boîte, c’est une sorte de truc gouvernemental de recherches. »
Elle écrasa son mégot de cigarette.
« Ouais, je sais, c’est un peu dur à avaler, mais c’est la vérité. »
De nouveau, sa main manucurée alla cueillir le paquet de cigarettes qu’elle ouvrit en grimaçant ; Il n’en restait plus que trois… Haussant les épaules, fataliste, elle reposa le tout derrière elle puis porta le filtre à ses lèvres pulpeuses, sans l’allumer cependant.
« Le pire dans tout ça, c’est que c’était moi, leur recherche. »
Elle pencha la tête de côté, la chemise glissant doucement le long de son épaule gauche.
« C’est assez flatteur, tu me diras ! »
Souriante, Pomelo finit par allumer sa cigarette de la flamme de son briquet. Quand un nouveau nuage évanescent gagna le plafond, elle continua :
« En fait, je suis le quinzième essai du programme de recherche P.L.G, soit Pute de Luxe Gouvernementale. Mais je suis le premier essai vraiment apte ! »
Elle s’était redressée, remontant le pant de chemise sur son épaule ambrée.
« Les essais d’avant ont cassé dès la phase d’expérimentation… »
Ses paupières restèrent en suspens pendant quelques secondes, comme si ses paroles toupillaient encore dans son esprit. Puis, sur sa lancée, Pomelo lâcha :
« Moi, j’étais parfaite. Corps parfait, appétit sexuel idéal, soumise… Ils m’ont même mise sur le marché pendant deux mois. »
Un sourire étira ses lèvres et une raie de lumière urbaine illumina ses dents blanches.
« J’en ai vu passer des queues de ministres ! J’ai même croisé celle du président ! »
Elle tira sur sa cigarette d’une main tandis que de l’autre, avec l’index et le pouce, elle mesurait à peu de chose près la taille d’un cafard. La jeune femme s’esclaffa puis reprit :
« Ça allait plutôt bien, tout le monde était satisfait, ils m’ont même donnée une nouvelle cellule, plus grande et avec un matelas. »
En y repensant, elle ne put s’empêcher de souffler un « Connards. » des plus amers. Elle avait toujours vécu dans les locaux des laboratoires gouvernementaux, coincée entre quatre murs grisâtres, sans meubles ni confort. Mais, comme c’était mieux que le bocal où elle avait grandi pendant dix ans – et qu’elle ne connaissait rien d’autre ! –, elle trouvait ça confortable et normal. Soupirant une nouvelle fois, Pomelo brisa le flot des souvenirs de son enfance.
« Puis un jour, ils m’ont découverte deux défauts majeurs. D’une, j’étais froide, inexpressive – en dehors de mes simulations bien sûr ! – et de deux, ils ont remarqué ça. »
Se faisant, elle remonta la manche de sa chemise de deux doigts, dévoilant une portion de peau plutôt difforme. Sur une demi-douzaine de centimètres carrés, l’ambre de sa chair avait laissé place à une masse visqueuse et verte, gangrenant lentement les cellules épidermiques les plus proches. Quand les yeux de Pomelo en eurent assez de ce spectacle ignoble, elle rabaissa le tissu d’un geste machinal.
« C’est de la peau de crapaud en fait. C’est apparu comme ça, comme un champignon. Ça en a l’odeur d’ailleurs. »
Son rire cristallin monta en même que la fumée d’une dernière bouffée.
« Forcément, le côté grenouille n’a pas trop plu, et j’ai été retirée du marché. Comme je ne servais plus à baiser, ils ont songé à me détruire, mais cette mutation bizarre les intriguait trop. Alors ils m’ont lâchée y’a de cela deux ans et m’entretiennent depuis. »
Contemplative, elle jeta un regard à sa boîte à musique close, avant de la prendre et d’en caresser délicatement le couvercle.
« De temps en temps, je vais les voir, pour passer une batterie de tests. C’est pas trop chiant, et ça me rapporte plus que les orgies présidentielles. »
Elle s’arrêta quelques secondes, les sourcils froncées.
« Ça me rapporte tout court, en fait. »
Pomelo émit un sourire puis continua :
« Mais maintenant que tu m’as mise enceinte – et je t’en remercie ! – ils iront se faire foutre. Je disparais dans la nature et j’élève mon gosse. Je me demande comment il va être… »
Elle caressa subtilement son ventre parfaitement plat, les yeux rivés dessus. Puis, remontant le mécanisme de la boîte à musique, Pomelo descendit de son promontoire.
« Bon, voilà, tu sais tout ! »
Elle sourit à Samuel, toujours endormi profondément, avant de se retourner pour poser la boîte à musique qui venait d’entamer sa mélodie. Puis elle s’agenouilla auprès du corps nu lui tournant le dos et lui susurra à l’oreille :
« Au fait, tu sais comment je fais pour contrer ma mutation en femme-crapaud ? »
Comme aucune réponse ne fut émise, Pomelo reprit du même ton malicieux :
« Je vais te montrer… »
Et là, à la lueur des zébras de lumière artificielle, elle tourna délicatement Samuel vers elle.
« Déjà, je reprends ton cadeau pour mon faux anniversaire. »
Avec un sourire, elle empoigna délicatement le stylo patiné qui dépassait du front du jeune homme. Elle l’ôta sans mal, le métal semblant glisser dans la plaie comme dans du beurre. Pomelo eut un petit rire irrépressible.
« Si tu savais à quel point ton cadeau m’est utile ! »
Elle posa le stylo ensanglanté à côté d’elle, sur les draps de flanelle, puis attrapa son sac à main pendant au dossier de la chaise. Là, elle en sortit la paille et l’approcha doucement du visage de Samuel.
« Tu vois, c’est avec ça que je résorbe ma peau de grenouille ! »
Sans un mot de plus, elle l’enfonça dans la plaie circulaire et aspira goulûment. Deux lampées plus tard, elle jeta la paille au sol et descendit du lit.
« J’étais sûre que tu me serais utile autrement qu’en banque à sperme ! »
Pomelo laissa éclater un rire victorieux et moqueur. Puis, écoutant les dernières notes de la boîte à musique sonner le glas de la mélodie, elle enfila un pantalon et ses chaussures. Enfin, elle attrapa un petit sac à dos qu’elle avait préparé à l’avance et, y enfournant la boîte à musique, se tourna vers le cadavre.
« Au fait, que penses-tu de Sena ? Ce sera mon nouveau prénom quand j’aurai changé de pays ! »
Pomelo s’approcha du lit puis, plaçant un genou dessus, déposa un tendre baiser sur les lèvres de Samuel.
« Merci pour tout, Samuel. »
Elle sourit une dernière fois, presque reconnaissante, avant de se diriger vers la porte d’entrée. Elle la déverrouilla d’un geste machinal puis plongea sa main dans sa poche. Pomelo en extirpa son briquet qu’elle alluma avant de le bloquer avec un élastique. Posant ses yeux verts sur le lit au fond de l’appartement, elle murmura :
« Allez, Samuel, à la revoyure ! »
Elle projeta le briquet vers lui qui, au contact des draps imbibés d’essence, explosa, répandant le feu sur le matelas entier. Pomelo, refermant déjà la porte sur son ancien appartement, ne put s’empêcher de lâcher, une pointe de cynisme dans la voix :
« T’as toujours été un mec chaud, toi… »
Et, tandis qu’elle descendait tranquillement l’escalier de son immeuble, la jeune femme, une main posée sur son ventre, murmura :
« Quand tu seras née, petite créature, on ira rendre visite à ces chers professeurs, et on verra si je suis toujours aussi désirable… »"

Voilà ! Un commentaire éclairé me ferait plaisir. Et inutile de prendre des pincettes Smile
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